jeudi 27 septembre 2012

UN CHAT EST UN CHAT...?


DERNIÈREMENT, j'ai vu un film bien particulier - adaptation d'une bande dessinée de Joann Sfar - nommé LE CHAT DU RABBIN. Le mot pour le décrire serait...réfléchi (et en plus de mots; comique, divertissant, hors de l'ordinaire!).

SYNOPSIS

Dans les années du colonialisme français en Orient, le chat d’un rabbin vit tranquillement avec son maître et sa maîtresse. Un jour, après avoir mangé le perroquet du rabbin, il découvre la parole et commence par mentir. S’en suit alors une série de péripéties critiquant religion, linguistique et opinion populaire au cours d’un long voyage qui le mènera jusqu’au Jérusalem d’Afrique. Il expérimentera les sentiments humains dont l’amour et ira même jusqu’à réclamer sa Bar-Mitsva tout en observant les hommes dans leurs croyances souvent divergentes.

CRITIQUE

Clairement un film à voir pour la richesse de ses thèmes superbement abordés avec humour. J’ai ri, j’ai réfléchi et j’ai avant tout adoré. 10/10, sans hésiter : rien de m’a déplu. Il est surprenant comment même un film d’animation peut nous porter à réfléchir sur l’homme et ses croyances tout en nous divertissant comme ce film l’a fait. Les effets cinématographiques sont tout autant merveilleux et diversifiés; on croirait que le film a vraiment été filmé par des professionnels vu tous les plans, les mouvements de caméra et les angles de vue qui vous surprendront en plus de la qualité de l’animation. Je le conseille aux adeptes de la philosophie, à ceux qui apprécient les petits clins d’œil qui font sourire ainsi qu’à chaque personne désirant réfléchir sur le comportement humain. À la fin, peut-être verrez-vous votre chat sous un tout nouvel angle !

EFFET CINÉMATOGRAPHIQUE

J’ai relevé un effet cinématographique qui m’a bien plu à la fin du film. Dans le désert d’Afrique, le chat du rabbin est en plan américain ainsi qu’en contre-plongée. Il est en train de prier Dieu de façon un peu comique pour que celui-ci transmette à Zlabya, sa maîtresse, qu’il l’aime et qu’il pense à elle. La contre-plongée insère vraiment l’idée qu’il communique avec les cieux bleus et ténébreux de la nuit tout en nous donnant un joli angle de vue du chat envoyant sa prière à celle qu’il aime et qui dort quelque part à la maison qu’il a hâte de rejoindre.

dimanche 23 septembre 2012

« 99 FRANCS »


ET oui, voilà ! Déjà l’heure d’un deuxième texte critico-analytique portant sur une autre œuvre cinématographique. Cette fois, pas sur n’importe quelle … Cette fois, sur un film français mettant en scène le célèbre Jean Dujardin, acteur dans de nombreux films que j’ai véritablement apprécié tels « Brice de Nice » ou encore « OSS 117 », films brillant par leur stupidité et leur ridicule ! Désormais, il parait dans un film aux allures moyennement sérieuses possédant pourtant une morale de fond très sérieuse. Le nom du film, 99 FRANCS, réalisé par Jan Kounen, réalisateur originaire des Pays-Bas, et sorti en 2007. Je vous souhaite donc une bonne lecture, aussi bonne que la première du moins, je l’espère.


SYNOPSIS
Octave est un publiciste français pour la compagnie Ross & Witchcraft. Comme il le dit si bien :  « Je décide aujourd’hui ce que vous voudrez demain. » Il est drogué, superficiel, riche et s’habille avec la toute dernière tendance, à tous les jours, sans exception. À travers les réunions interminables, il commence à en avoir marre  de sa vie et à besoin de changements, de vrais changements. Il rencontre Sophie, femme de sa vie, mais se sépare d’elle aussi vite qu’il l’aura rencontré. Elle est enceinte de lui. Il est incapable. Il doit agir. Il doit préparer un grand coup pour sortir définitivement de son horreur quotidienne et pour retrouver Sophie…

Split Screen, 00:52:37 à 00:52:48
Octave, complètement défoncé, s’imagine en train de faire une publicité pour sa compagnie dans laquelle il mentionne (dans des propos haineux mais plutôt drôles) qu’il s’essuie avec  R&W pour avoir l’anus frais tout comme son haleine. Ce split screen a été utilisé pour créer un effet comique tout en démontrant la fraicheur partant de son anus jusqu’à sa bouche à l’aide de magnifiques petites étoiles.

Règle des tiers (points de force), 00:10:30 à 00:10:51
Octave se fait confier par son patron la responsabilité d’une rencontre pour la vente d’une pub auprès d’un client. Peu content, un effet de confrontation est alors créé par l’utilisation de la règle des tiers où Marc (à gauche) et Octave (à droite) se tiennent sur les deux  lignes opposées.


Entrées sorties de champ, 00:29:08 à 00:29:30
Cette scène est une représentation métaphorique de la vie d’Octave lors de laquelle il se trouve dans un super marché où il se tient assis sur un panier d’épicerie comme un produit de consommation alors que des doubles de lui-même font des entrées et des sorties de champs, s’enfuyant de lui-même. Des tonnes de personnes se mettent à faire la même chose en vitesse accélérée alors qu’Octave vire au transparent. Ces centaines d’entrées et de sorties de champs sont utilisées pour créer un effet d’accéléré, tout comme la vie d’Octave qui file tout comme le temps qui en fait tout autant. On veut aussi aller chercher l’aspect qu’il fuit ses problèmes et ses démons à travers ses doubles qui se sauvent de lui.

Champ-contre-champ, 01:09:11 à 01:09:29
Sur un fond d‘hypocrisie assez frappant, Octave discute avec Alfred Bullaire, directeur de Madonne, la compagnie de produit laitier pour laquelle il prépare une pub de yaourt. Celle-ci vient tout juste d’être filmée et Alfred remercie Octave alors qu’il vient tout juste de le traiter de  « gros con » dans son dos et Octave accepte les remerciements tout en préparant dans sa tête son plan pour la nouvelle pub qu’il fera pour remplacer l’autre lors de sa 1ère diffusion en onde. Le champ-contre-champ est utilisé pour créer un effet de proximité entre les deux personnages surtout vu l’utilisation du gros plan tout en montrant une certaine confrontation silencieuse qui prend tout son sens à travers leur regard hypocrite.


Regard-hors-champ, 00:15:13 à 00:15:20
 Une séance photo se déroule devant Charlie, Octave et Jeff qui préparent leur réunion pour Madone. Charlie observe le photographe et lui fait signe que son angle est super alors que l’on ne voit point celui-ci et que Charlie regarde hors du champ de la caméra. Ce regard-hors-champ est simplement utilisé pour que la scène soit moins ennuyeuse et que tous soient en action tout en ajoutant un petit côté comique avec Charlie qui fume un joint.

Profondeur de champ, 00:39:32 à 00:40:30
Dans cette scène, Madone a donné le last call à l’équipe d’Octave. Jeff, celui qui s’occupe de l’organisation et des finances, est complètement dérouté : il supplie Octave qui donne de la coke à son hamster  de développer un concept de pub dès maintenant. J’ai choisi cette scène pour démontrer la profondeur de champ qui est moyenne, selon moi,  car on peut remarquer que le focus est sur Jeff et qu’Octave est un peu flou en avant plan avec la cage de Qualinet, son hamster. Le fond est un tout petit peu flou vu la proximité qu’il partage avec Jeff. Donc, je crois que la profondeur de champ est moyenne car tout n’est pas complètement  flou en exception de ce sur quoi est le focus (faible profondeur de champ) et car tout n’est pas super clair non plus (profondeur de champ élevé). C’est un entre deux où la profondeur de champ est peut-être un peu plus basse que celle du film « Le Lauréat », mais tout de même moyenne.

Plan-séquence, 01:33:07 à 01:34:34
Ce magnifique plan-séquence est utilisé pour la scène lors de laquelle Sophie et Octave se retrouve avec leur petite fille sur une île perdue. On y retrouve un panoramique vertical, un travelling circulaire, un travelling avant, un plan américain, un plan moyen et j’en saute ! C’est une scène pleine d’émotions qui sont encore plus accentuées par ce plan-séquence émouvant.

Plan de grand ensemble, 01:29:52 à 01:30:00
Octave, désormais sur une île perdue après avoir fui la société, a mangé la racine d’une plante inconnue. Il fait une intoxication alimentaire et se met à déféquer partout. On le voit courir dans ce plan de grand ensemble jusqu’à la mer pour aller se « soulager ». Ce plan est un peu utilisé selon moi pour rire d’Octave qui passe d’un endroit à l’autre pour faire caca. Il est aussi utilisé pour montrer à quel point il est seul et désespéré sur cette île vide de population.

Plan d’ensemble, 00:29:37 à 00:29:39
À plusieurs reprises au cours du film, on voit Octave se suicider en se jetant en bas d’un édifice. Dans cette scène métaphorique, Octave se met à léviter en prenant une forme de croix pour remonter à la vie ; comme si une seconde chance s’offrait à lui. Ce plan d’ensemble en overhead shot donne un certain aspect féérique avec toutes les lumières et l’achalandage alentour d’Octave qui flotte dans l’air.

Plan moyen, 00:06:49 à 00:07:27
Au début du film, le personnage d’Octave est largement présenté. Ici, on le voit s’habiller avec les dernières  marques à la mode, debout, en regardant derrière la caméra comme s’il était devant un miroir. Ce plan est alors utilisé pour montrer la totalité du corps d’Octave s’habillant et essayant les milliers de vêtements peuplant sa garde-robe.

Plan américain, 00:08:57 à 00:09:00
Octave arrive pour la 1ère fois du film à la compagnie où il travaille (R&W)  en bolide automatisé et salut sarcastiquement ses confrères et consœurs de travail. Le plan américain est probablement utilisé pour lui donner de l’assurance tout en ajoutant un côté un peu ridicule à la façon qu’il se déplace sur son petit bolide.

Plan rapproché taille, 00:18:13 à 00:18:32
Octave et Charlie arrivent en retard à la compagnie Madone là où ils ont leur réunion pour une publicité de yogourt. La caméra les suit en contre-plongée avec un plan rapproché taille pour leur donner un air assuré car le fait d’arriver en retard était déjà prévu dans leur plan malgré l’importance de la rencontre avec les membres de la compagnie dont le directeur.

Plan rapproché épaule, 00:36:57 à 00:37:00
Sans aucun doute, ce plan a été utilisé pour cadrer le regard de Sophie, la copine et bientôt l’ex-copine d’Octave. Elle vient tout juste d’annoncer à celui-ci qu’elle est enceinte et Octave ne répond pas, il est troublé et flanche sous la responsabilité que cela implique.

Gros plan, 00:02:24 à 00:02:31
Au début, tout commence avec Octave qui saute du haut d’un édifice pour aller rejoindre la mort. Ce gros plan est employé alors que notre personnage principal observe la rue là où il va bientôt sauter. On veut ici aller chercher la peur dans son regard ainsi que tout le trouble et le dépassement qu’il vit face à son existence tout entière.

Très gros plan, 00:17:44 à 00:17:46
Ceci est le regard d’une femme dans une pub d’Octave qui, lui,  présente en voix off  des statistiques en lien avec la publicité en général. On vient avec ce plan cadrer les yeux en mettant l’œil droit sur un point de force des lignes des tiers pour donne de la puissance à l’image qui nous transmet une joie sans limite.

Insert, 00:43:04 à 00:43:07
Qualinet, le hamster d’Octave, est désormais mort, suite à ce que son maître l’ait coké. Cet insert est très intéressant car Qualinet représentait en quelque sorte le bon côté qui subsistait en Octave et sa mort nous démontre beaucoup plus que le simple décès de celui-ci. Le fait qu’il soit en très gros plan nous montre vraiment le côté dramatique de la chose.

Plan subjectif, 01:31:13 à 01:31:19
Toujours sur son île, soit son échappatoire à la société, Octave, après une intoxication alimentaire, se fait recueillir par un peuple indigène qui, à travers ce plan subjectif, lui offre un remède quelconque. On veut ainsi nous présenter le peuple tout en nous offrant une perspective de ce qu’Octave voit et ressent alors qu’il vient tout juste de s’éveiller dans un lieu qu’il ne connait pas. Un certain inconfort qui se transforme peu à peu en un certain confort nous est alors proposé à travers ce plan.

Vue en amorce, 00:34:20 à 00:34:25
Tout au long de ce champ-contre-champ mettant en scène  l’annonce de Sophie au restaurant du fait qu’elle est enceinte, les deux personnages sont souvent mis en amorce. Il en a été décidé ainsi probablement pour montrer l’attente des personnages l’un envers l’autre comme si  on regardait le personnage en focus des yeux du personnage en amorce et que l’on cherchait l’émotion dans les yeux de l’autre tout comme ce qui est fait dans la scène.

Vue en plongée, 00:55:36 à 00:55:40
Octave se retrouve dans un hôpital suite à une crise dû à une drogue et/ou à l’alcool qu’il a pris dans un de ses partys dont le but est d’oublier sa vie merdique. Il est assis sur un banc avec un interné en attendant Charlie et Jeff. « Pyjama », comme il l’appelle regarde les feuilles en riant et il se met à faire de même en se posant des questions sur la vie. Un genre de champ-contre-champ est utilisé entre chaque personnage et les feuilles, soit le point de vue utilisé pour cette vue en plongée. On met ainsi en valeur les questions qu’Octave se pose en voix off en lui donnant une sorte d’infériorité face à la grandeur du monde pour lui rappeler que lui aussi est humain et qu’un monde existe partout alentour de lui.

Vue en contre-plongée, 00:19:00 à 00:19:17
Octave entre dans la salle de réunion de Madone pour la publicité de yaourt. On lui donne du pouvoir et de l’importance avec cette  vue en contre-plongée, comme si rien de ce qui se trouve dans cette salle ne peut l’arrêter.

Overhead shot, 01:19:10 à 01:19:13
Octave se prépare à sauter pour une première et une dernière fois. On met l’emphase sur sa faiblesse tout en montrant ce qui se trouve sous ses pieds avec cet overhead shot.




Panoramique horizontal, 00:08:30 à 00:08:34
Octave arrive à la compagnie de publicité pour laquelle il travaille en petit bolide automatique et la caméra le suit. Ce panoramique donne un côté ridicule à la scène car Octave fait de grands détours pour rien.


Panoramique vertical, 00:32:37 à 00:32:48
Sophie a laissé Octave et celui-ci se retrouve seul chez lui. Il se met à regarder de la pornographie tout en mangeant et en buvant sur son sofa sans se ramasser d’où la véritable porcherie qu’est la table de son salon. Ce panoramique vertical passe tranquillement de la table de salon d’Octave jusqu’à celui-ci, étendu sur son divan. Octave prend alors un air pitoyable et délaissé avec cet effet cinématographique bien placé.

Panoramique circulaire, 00:51:47 à 00:51:53
Dans le délire d’Octave causé par la drogue et l’alcool, Jeff fait une publicité pour R&W dans laquelle Octave frappe violemment celui-ci. Ce panoramique suit tranquillement Jeff qui tourne un peu en rond autour de la caméra placé sur un axe fixe. Les effets de lumière et ce qui nous est montré grâce au panoramique donne un effet joyeux et léger à la scène.

Travelling avant, 00:23:54 à 00:24:02
Alfred Bullaire confronte directement Octave en lui disant que la publicité qu’il propose est mauvaise car elle ne prend pas en compte le public cible. S’en suit alors une confrontation de regards ainsi qu’une suite de travellings avant passant de l’un à l’autre, assis complètement à l’opposé autour de la table.  Ces travellings créent un effet de proximité tout en accentuant fortement la confrontation silencieuse qui prend l’ampleur d’une véritable guerre d’yeux.

Travelling arrière, 00:01:28 à 00:01:55
Au début du film, un travelling arrière partant de cette affiche est utilisé pour introduire le film. Un contraste nous est alors présenté entre la beauté de l’affiche en comparaison avec les conditions météorologiques extérieures. À la fin de ce travelling, nous tombons sur Octave se préparant à se suicider du haut d’un édifice.

Travelling vertical, 00:24:03 à 00:24:06
Lors de la confrontation de regards entre Alfred Bullaire et Octave, un travelling vertical est effectué sur le visage d’Alfred pour montrer tout le plaisir qu’il prend à emmerder Octave à travers les moindres traits de son visage alors qu’Octave pète carrément un plomb à l’autre bout de la table de réunion. Travelling très bien placé qui fait bien son effet !

Travelling latéral, 00:45:13 à 00:45:18
Octave paie une prostituée pour remplacer le manque de Sophie qu’il éprouve et la scène se déroule alors qu’il lui demande de se caresser en portant ses lunettes et le parfum de Sophie. Un travelling latéral s’effectue au même moment au pied du lit : la caméra longe celui-ci pour nous donner l’impression que nous les surprenons en train de passer à l’acte.

Travelling circulaire, 00:37:21 à 00:37:31
Octave, seul, et en manque de l’amour de Sophie est assis sur son bureau en train de penser à elle. La caméra le contourne en effectuant un travelling circulaire nous montrant ainsi à quel point Octave est perdu, triste et comment il se sent délaissé.



Caméra à l’épaule, 00:46:30 à 00:47:14
Octave, complètement dérouté, arrive à son condo et trouve une cassette de Sophie lui disant : « C’est la première et la dernière fois que tu vois ta fille. »Grâce à l’instabilité et le mouvement qu’elle crée, cette caméra à l’épaule démontre qu’Octave est confus, désespéré et qu’il ne sait plus sur quel pied danser pour revenir à son bonheur.  On découvre son désespoir intérieur profond à l’aide de cet effet cinématographique frappant.

Portrait, 00:28:22 à 00:28:25
Souvent, dans les films, on cadre le visage pour en faire un portrait. Il est alors conseillé d’enligner les yeux avec les points de forces de l’image pour créer un effet plus fort. Ici, Marc, le patron d’Octave le convainc de rester dans la compagnie alors qu’il désire ardemment partir. L’œil de Marc sous l’ombre est placé directement sur un point de force pour montrer un côté sombre de lui, manipulateur et vicieux, qui sait comment jouer avec Octave pour qu’il reste. En somme, un portrait très bien réussi !

Sujet en mouvement, 00:22:12 à 00:22:17
Lorsque des personnes sont en mouvement sur l’image, il est intéressant de laisser l’espace devant celles-ci pour soutenir le déplacement.  Comme on peut le voir avec ces deux femmes, ce conseil est appliqué et le mouvement en découle très bien. C’est la scène où les deux femmes de l’annonce pour la compagnie de produit laitier sont présentées au directeur et à ses associés.

Effet de reflet, 00:05:15 à 00:05:43
Avec ce miroir, le réalisateur vient chercher un effet comique pour exprimer la gueule de bois que vit Octave à son réveil au tout début du film. On peut remarquer que la personne reflétée dans le miroir n’est pas vraiment Octave ce qui démontre un peu la confusion et le malaise qu’il vit suite à sa fête du soir d’avant.

Effet de portail, 00:47:31 à 00:47:36
Effet de portail vraiment puissant ! « C’est la première et la dernière fois que tu vois ta fille. » Tel était le message joint à la cassette qui présente les images que nous voyons à la télévision qui est filmée dans le salon d’Octave. De plus, la caméra en angle nous montre particulièrement bien l’inconfort profond que vit Octave en voyant ces images, soit celles de son enfant, de sa fille ; celle qu’il partage avec Sophie.

Dans ce film, on ne retrouve aucun effet d’interdépendance et aucun zoom !

Critique :
Donc, pour ce film, je donne une cote de 8/10. À vrai dire, je n’ai pas particulièrement aimé parce que je l’ai trouvé superficiel, ridicule et absurde par moment. On nous présente à travers ce long métrage le monde de la publicité accompagné de tous ses maux. C’est sale, mauvais et plein de méchanceté. Par contre, c’est pour nous conscientiser sur ce milieu qui passe sous nos yeux à chaque seconde que tout cela nous est montré et c’est pour cette raison que je donne tout de même 8/10. De plus, Jean Dujardin est un de mes acteurs coup de cœur depuis toujours entre autre pour son humour et pour son sourire qui me fait particulièrement rire. Il nous montre au cours ce film un côté plus sombre de son jeu d’acteur et j’ai été sincèrement impressionné par ses capacités étonnantes. J’ai bien aimé la construction du film avec toutes ses images métaphoriques aux sens doubles voire triples ainsi que les retours dans le temps fréquents. La ligne du temps de ce film était superbement déconstruite et lui donnait une allure différente et intéressante. À voir si vous aimer les films français et si vous êtes ouverts à la nouveauté !

dimanche 16 septembre 2012

«LE LAURÉAT»

ET voilà! La première grande analyse de film, d'un film: «Le lauréat» de nul autre que le super réalisateur Mr. Joseph E. Levine! Film étant sorti en 1967 (l'année de l'Expo 67 au Québec!).


EN espérant que vous apprécierez lire cet article de mon cru que j'ai tout de même pris la peine de rédiger pour votre satisfaction (bon, peut-être un peu pour la mienne) et en souhaitant que vous savourerez cette exposition Internet du grand art cinématographique... Bonne lecture!

SYNOPSIS (INTÉRESSANT)


Benjamin Braddock, issu d'une riche famille, sort tout juste de ses études collégiales avec un prix majestueux. À son retour,  il est accueilli par toute sa famille et les amis de sa famille alors que lui désire plutôt s'isoler pour réfléchir à son avenir. Au courant de la soirée, Mme Robinson, la femme d'un partenaire de son père, lui demande de la raccompagner chez elle, seul à seul. S'en suit alors une étrange relation entre elle et Ben qui durera jusqu'à ce que Ben rencontre Elaine, la fille de Mme Robinson. Plusieurs quiproquo découleront de cette aventure particulière unissant amour, sexe et liberté; la vie en sa toute étrangeté.

ANALYSE (POUSSÉE) ET PROCÉDÉS CINÉMATOGRAPHIQUES (SUPERBES)



  • Règle des tiers, 00:14:53 à 00:14:58 


Dans cette scène, Benjamin a reconduit Mme Robinson chez elle et celle-ci lui a demandé d’entrer. Maintenant, à moitié nue dans la chambre de sa fille, elle confronte Benjamin en lui demandant s’il aimerait qu’elle le séduise après qu’il l’ait accusée, peu de temps avant, de tenter de lui faire du charme. La règle des tiers est superbement bien utilisée ici. Les regards sont (presque) sur les points de force et leurs épaules suivent astucieusement la ligne des tiers inférieure. La confrontation est nettement bien démontrée et on sent la tension vu le pouvoir donné à l’image. C’est Ben qui baissera les yeux le premier ce qui se devine aisément si on analyse bien les divers éléments qui se présentent à nous.  On peut observer que le pouvoir est donné à Mme Robinson par la lumière et le fait qu’elle parle, contrairement à Ben qui lui est laissé dans l’obscurité et le silence. Les effets de clair-obscur sont, tout comme la règle des tiers, brillamment utilisés dans cette scène.


  • Champ-contre-champ, 00:11:13 à 00:11:45



Sous une musique jazzée, Mme Robinson confie à Benjamin qu’elle est alcoolique après l’avoir ramenée chez elle suite à la fête organisée chez les Braddock pour la réussite de Ben. Une courte discussion marquée par le champ-contre-champ débute alors où personne n’est en amorce pour créer une certaine distance entre les personnages; un certain malaise qui démontre adéquatement l’envie de Ben de s’enfuir dès que possible. Mme Robinson est en confiance alors que Ben, lui, désire s’en aller car il est troublé en raison de son avenir et car il a besoin de solitude. Cela est bien démontré par leur position l’un face à l’autre; Ben assis sur un sofa bas est définitivement en situation d’infériorité alors que Mme Robinson assise sur une chaise haute prend, encore une fois, le pouvoir sur Ben dans l’image. Il y a un mince effet de plongée, contre-plongée qui, ici, n’est pas créé par la caméra mais vraiment par la disposition des personnages.

  • Regard hors-champ, 01:20:37 à 01:20:38


Benjamin est allé rejoindre Elaine, la fille de Mme Robinson, à Berkeley pour l’épouser. Il l’accompagne en autobus jusqu’au zoo où elle doit rencontrer son copain du moment pour un rendez-vous. Lorsqu’ils le croisent, Ben est laissé seul suite à une discussion plutôt animée avec celle qu’il désire marier. C’est là que la séquence commence, lorsque Ben, seul et un peu perturbé, s’appuie sur une grille devant la cage de deux singes. Il lève les yeux et pendant quelques secondes le réalisateur nous laisse deviner ce que notre personnage principal regarde avec fascination. Le regard hors-champ fait son effet et on devine à travers le regard de Ben qu’il commence à comprendre quelque chose, à apprendre, et c’est exactement pour que le spectateur remarque cela que le réalisateur a utilisé le regard hors-champ.

Et ensuite, BAM! On voit les deux singes se berçant tendrement l’un l’autre,  clair symbole de l’amour pur et simple, derrière la grille de l’inaccessibilité, soit ce que Ben observait avec perplexité. On peut alors remarquer que Benjamin réfléchit sur sa relation avec Elaine, sur son importance et la place qu’elle prend dans sa vie en comparaison avec ce qu’il contemple, sans oublier tout ce qui empêche Ben d'épouser celle qu'il aime, représenté par la grille.

De plus, après le regard hors-champ, la caméra retourne sur Ben et change d’orientation rapidement pour effectuer un zoom sur un gorille pensif derrière lui. Le réalisateur nous propose habilement une comparaison subtile entre Benjamin et le gorille, mise en relation basée sur la solitude et le fait de penser, de sonder son intérieur, qu’ils partagent tous les deux.

  • Profondeur de champ, 00:35:40 à 00:36:00


Dans cette scène représentant la première fois que Ben et Mme Robinson se rejoigne au Taft Hotel, la profondeur de champ est bien exposée car on peut facilement l’estimer. On pourrait la définir de moyenne en la comparant à celle de d’autres films. Par exemple, si l’on analyse le film «Citizen Kane» d’Orson Welles, on peut alors voir que la profondeur de champ est distinctement plus grande car même avec le focus sur un personnage en avant plan, les personnages à l’arrière sont clairs et nets alors que dans «Le lauréat», lorsque le focus est mis sur un personnage (Ben dans ce cas-ci), les objets et les autres personnages alentour sont un peu flous (Mme Robinson et les cintres). 

Par contre, si on prend le film «Avatar» de James Cameron, on peut noter que la profondeur de champs est vraiment plus faible car lorsque le focus est mis sur quelque chose, tout le reste étant plus éloigné ou rapproché de l’objectif devient complètement flou. C’est pour cela que je qualifie de moyenne la profondeur de champ du film «Le lauréat».



  • Plan-séquence, 00:18:03 à 00:20:37

Dans cette scène, on retrouve un plan séquence de 2 minutes et 34 secondes dans lequel plusieurs différentes techniques de caméra ont été utilisées. La séquence se déroule comme suit : après que Ben ait descendu les escaliers de la maison des Robinson en courant, entendant M. Robinson arriver suite à ce que Mme Robinson, nue, lui ait proposé de coucher avec lui, Ben s’assoit, un verre à la main, avec M. Robinson qui lui donne en conseil, pour son avenir, de prendre les choses comme elles viennent, de façon plus relax.  Il est à noter qu'il y a dans cette scène beaucoup d’ironie car Mme Robinson venait tout juste d’offrir à Ben de faire l’amour avec elle et car si Ben avait vraiment pris les choses comme elles venaient, il aurait probablement été en train de coucher avec la femme de M. Robinson, soit celui qui lui a conseillé de prendre la vie plus à la légère mais qui ne l’aurait certainement pas fait en connaissance du fait que ça pourrait impliquer de se faire tromper. En plus, Mme Robinson fait apparition dans cette scène et M. Robinson se réfère à elle à quelques reprises lorsqu’il dit à Ben qu’il est séduisant ou qu’il devrait s’offrir un peu de plaisir. Le plan-séquence se termine lorsque Ben, complètement dérouté, finit enfin par sortir de cette drôle de maison. Le plan-séquence a probablement été utilisé ici pour accentuer cette ironie en incluant bien toute la complexité de la conversation ainsi que toutes les faces cachées ignorées principalement par M. Robinson. On retrouve beaucoup la règle des tiers et des travellings avant, vertical et latéral dans cette scène.

  • Plan de grand ensemble, 01:13:50 à 01:14:04


Le plan de grand ensemble est simplement utilisé dans cette séquence pour introduire la ville de Berkeley, là où Ben va rejoindre Elaine à son université pour l’épouser. Sous les sons de la musique de Simons et Garfunkel, Ben traverse le pont dans son Alfa Roméo rouge éclaté.

  • Plan d’ensemble, 01:15:03 à 01:15:15

Ce plan d’ensemble débute la scène ou Ben va rejoindre Elaine à l’université. On introduit clairement l’université qu’Elaine fréquente ainsi que la vie étudiante y étant reliée avec ce plan d’ensemble d’une dizaine de secondes où l’on passe de Ben seul assis à la fontaine (probablement pendant les cours) à tous les étudiants se déplaçant à l’extérieur (probablement pendant la pause du dîner) tout en gardant le même plan.



  • Plan moyen, 01:33:35 à 01:33:41


Dans cette séquence, ultérieurement à la visite mouvementée du père d’Elaine dans l’appartement de Ben à Berkeley, Ben se rend au plus vite à la fac d’Elaine pour l’amener avec lui pour l’épouser et, comme on s’en doute, elle a quitté et la camarade de chambre d’Elaine apporte la lettre qu’elle a laissée à Ben. Telle est simplement la scène, une universitaire qui marche vers la caméra alors que l’on entend la voix d’Elaine lisant la lettre qu’elle a laissée. Le plan moyen est utilisé pour ajouter un certain côté dramatique à la lecture de la lettre surtout que la fille finit par bloquer carrément le champ de vision de la caméra avec ses hanches à force d’avancer, proposant ainsi un côté tragique, inévitable à ce que l’on entend dans la scène.


  • Plan américain, 01:35:50 à 01:36:07

Le plan américain est utilisé alors que Ben retourne à la maison des Robinson en plein milieu de la nuit pour vérifier si Elaine n’y serait pas. Il la cherche partout pour pouvoir l’épouser mais tombe sur Mme Robinson dans la chambre d’Elaine qui, sans hésitation, appelle la Police en mentionnant qu’il y a un voleur chez elle (Ben), même si c’est faux. Mme Robinson annonce à Ben qu’Elaine se marie, il explose et renverse la valise de Mme Robinson et la Police arrive. La scène prend fin en même temps que Ben prend la fuite. Le plan moyen, doublé de la solitude momentanée de Ben sur l’image, est utilisé selon moi pour apporter un certain côté d’impuissance à Ben qui, malgré sa détermination, ne peut plus faire grand-chose. Le réalisateur cherche à faire douter le public des capacités de Ben qui ne sait même plus où se rendre.

  • Plan rapproché taille, 00:25:58 à 00:26:05


Ben entre dans le Taft Hotel après avoir invité Mme Robinson à venir coucher avec lui ce soir. Il est complètement désorienté et perturbé par le pas qu’il vient de faire. Le plan rapproché taille est utilisé simultanément avec un travelling arrière pour cadrer l’entrée maladroite de Benjamin. On cherche sûrement avec un tel plan à mettre en valeur le visage incertain de Ben tout en gardant le haut du corps bien présent pour démontrer comment il essaie d’avoir l’air d’être en confiance même si il a un peu perdu le Nord.

  • Plan rapproché épaule, 00:51:16 à 00:51:20

Définitivement, ce plan rapproché épaule a été utilisé pour cadrer toute l’émotion émise dans cette scène à travers le visage détruit de la merveilleuse Anne Bancroft dans le personnage de Mme Robinson. Elle dit au cours de ce plan que Benjamin n’est pas assez bien pour sa fille en sachant pertinemment qu’elle ne le croit pas vraiment, mais plutôt acheter la paix auprès de Ben qui s’énerve pour un oui pour un non, pour simplement parler de quelque chose au lieu de coucher avec elle uniquement. On voit dans son regard à quel point elle souffre intérieurement car elle sait qu’elle va perdre Benjamin comme elle a déjà perdu beaucoup. S’en suit alors une série d’insultes provenant de Ben en vengeance à cette attaque qu’il a drôlement cherchée accentuant de plus en plus la douleur de Mme Robinson.

  • Gros plan, 00:40:10 à 00:40:20

Ce gros plan est utilisé à travers une série de plans différents montrant le train-train quotidien de la vie de Benjamin Braddock, soit le passage du lit avec Mme Robinson à la piscine, exposant ainsi toute l’ennuie créée par cette triste phase qu’il vit passivement. Le gros plan cherche principalement à cibler le regard ennuyeux, vide de joie et empli de mélancolie, proposé par l’acteur dont le personnage se délaisse complètement en se laissant bercer avec lassitude par son entourage. Le réalisateur désire sans aucun doute montrer la vie platonique de Ben.

  • Très gros plan, 00:45:10 à 00:45:14

Benjamin se rase  alors qu’il discute avec sa mère. Celle-ci, un peu curieuse de ce qu’il fait de ses soirées et de ses nuits, lui demande ouvertement avec le plus d’assurance qu’elle peut s’il fréquente quelqu’un et Ben se coupe exactement au même moment. Ce très gros plan se fait rapidement pour bien montrer la tension qui flotte dans l’air entre les deux personnages. Cette scène est une totale source de friction mère-fils qui est superbement exposée à travers ce très gros plan bien placé. On voit que Ben reçoit mal la question et la blessure dont il est victime est le résultat de cette attaque qu’il n’a pas réussi à éviter.

  • Insert, 01:11:53 à 01:11:55 

Cet insert, un peu comme le très gros plan, vient insérer, ce coup-ci au lieu d’une action, une lettre que Ben écrit à Elaine, un objet. En quelques secondes, au travers d’un zoom avant particulièrement bien fait, la lettre est introduite et amorce la continuité des choses qui est que Ben s’en va à Berkeley pour épouser Elaine.


  • Plan subjectif, 00:22:32 à 00:23:53

Un mot : MERVEILLEUX! Quel plan subjectif! On voit vraiment ici le cinéma à son meilleur à travers ce plan de 1 minute 21 secondes qui exprime délicieusement des émotions de profonde solitude. Ce plan subjectif est utilisé alors que Ben, le lendemain de sa soirée plus que troublante auprès des Robinson, est obligé par son père de sauter dans la piscine en combinaison de plongée pour impressionner toute la famille et les amis. Les attentes de son père sont énormes à un tel point qu’il a misé sur son fils et que même si celui-ci lui demande désespérément de lui parler, il refuse en lui disant qu’il déçoit tout le monde. Bien sûr, Benjamin finit par le faire mais de reculons. C’est là que le plan commence alors que Ben sort de la maison et que tout le monde l’applaudit follement. À ce moment, on n’entend plus rien, que la respiration de Ben à travers son masque et sa bombonne. Tout le monde est en train de se mouvoir alentour de lui, mais Ben marche tranquillement, sans convictions, vers la piscine. En plus de ça, la vue de la caméra du plan subjectif est un peu bloquée dû au masque de plongée que Ben porte ce qui renforce l’effet de renfermement et de solitude déchirante. À quel point il est possible de se sentir seul dans la foule est probablement ce que le réalisateur a voulu démontrer à travers ce superbe plan subjectif.



















  • Vue en amorce, 00:12:13 à 00:12:30 

La vue en amorce est utilisée alors que le personnage de Dustin Hoffman, Benjamin Braddock, est en train de découvrir ou, du moins, d’exprimer une hypothèse sur la raison pour laquelle Mme Robinson, la femme d’un partenaire de son père, lui a demandé de la raccompagner chez elle et d’entrer, suite à la soirée chez ses parents honorant sa réussite scolaire. Il affirme de façon incertaine qu’elle tente de le séduire et en est complètement émoustillé. On veut ici mettre l’emphase sur la réaction de Mme Robinson en mettant Ben en amorce alors qu’il piétine debout et complètement désorienté. On voit bien le sourire grandissant sur les lèvres de Mme Robinson qui se moque délibérément de lui. Je trouve qu’il est très intéressant d’allonger ainsi une vue en amorce, parce qu’elle dure tout de même 17 secondes et parce qu’il y a beaucoup de mouvement provenant de Ben en amorce; on obtient une drôle de scène mêlant incertitude et animation contrôlée.

  • Vue en plongée, 01:16:19 à 01:17:02

La vue en plongée est particulièrement développée dans cette scène qui expose l’arrivée de Ben dans son nouvel appartement à Berkeley qu’il loue pour aller rejoindre Elaine et l’épouser. Elle montre la première conversation pleine de suspicions avec son locateur plutôt sévère. La séquence se déroulant dans un escalier donne déjà un effet de plongée qui est fortement accentué par l’angle en plongée de la caméra qui exprime que la montée est plutôt lente et ardue en plus de donner l’impression que les marches de l’escalier sont innombrables. De plus, car Ben est sur une marche plus basse que le locateur, un jeu de pouvoir est alors démontré où c’est l’homme dur qui prend la force, contrairement à Ben qui, encore une fois, prend un état d’infériorité. S’ajoute à cela un poteau de métal qui les sépare froidement les personnages à quelques moments dans la scène pour établir une distance et exposer le manque définitif de confiance que porte le locateur envers Benjamin.

  • Vue en contre-plongée, 00:20:54 à 00:22:07


Ici, au cours du discours du père de Benjamin introduisant le saut de Ben dans la piscine, la caméra prend un angle de vue en contre-plongée pour donner du pouvoir, de l’énergie et un fort enthousiasme à M. Braddock qui se lance sans hésiter dans cette forte présentation qu’il effectue avec véhémence devant tous ses invités au courant du midi. Ben, lui, préfèrerait aller se cacher le plus loin possible dans la maison mais finit tout de même par sortir alors que l’angle de prise de vue et le plan changent.

  • Overhead shot, 01:25:25 à 01:25:29

Elaine est allée rejoindre Ben à son appartement à Berkeley et lui affirme qu’elle désire le revoir. L’overhead shot prend forme lorsque celle-ci s’en va en courant dans la rue après leur discussion. Ben est en avant plan et regarde Elaine s’en aller. Cet angle de prise de vue a possiblement été utilisé pour reproduire ce que Ben voit sans nécessairement regarder à travers ses yeux comme dans une vue subjective. Cela donne aussi l’effet qu’elle s’échappe et qu’elle lui glisse entre les doigts en le laissant là, impuissant.




  • Panoramique horizontal, 00:58:17 à 00:58:55

Dans cette scène, Ben a invité Elaine à sortir pour la première fois par obligation de ses parents malgré l’interdiction de Mme Robinson vu leur liaison secrète. La séquence commence lorsqu’ils arrivent au bar de danseuses auquel Ben amène Elaine. La caméra les suit en usant d’un panoramique horizontal. Elle se doit d’être rapide car Ben marche vraiment vite et Elaine court désespérément derrière pour le rattraper. Je crois que c’est principalement cela que le réalisateur a voulu montrer en se servant du panoramique qui donne vraiment un effet de rapidité en faisant défiler les personnes stables entre lesquelles Ben se fraie un chemin avec Elaine. Le caractère faussement désinvolte de Ben qui oublie carrément Elaine qui est complètement désemparée, surtout vu le lieu où ils se trouvent, est grandement mis en valeur dans ce mouvement de caméra. Par contre, il faut savoir que notre personnage principal fait semblant de ne pas être intéressé pour ne plus jamais avoir à inviter Elaine à sortir vu l’interdiction ferme et claire que lui a opposée Mme Robinson la mère d’Elaine et l’amante de Ben.

  • Panoramique vertical, 01:34:01 à 01:34:05

En voiture, partant de Berkeley et allant à la maison des Robinson, Ben recherche décidément Elaine partout où elle pourrait être après avoir vu qu’elle avait quitté la fac. La caméra, à l’approche du véhicule, effectue un panoramique vertical vers le bas pour donner un effet de vitesse pour démontrer que Ben roule vite et qu’il est pressé.



  • Travelling avant, 01:44:55 à 01:45:08


À la toute fin du film, deux personnages importants s’enfuient ensemble en autobus. Pour cette scène, un magnifique travelling avant est utilisé pour suivre l’autobus qui s’en va. Par contre, la caméra avance plus lentement que l’autobus ainsi que de plus en plus lentement ce qui donne l’effet que l’autobus s’éloigne de plus en plus et que nous, en tant que spectateurs, les laissons partir tranquillement vers un bonheur incertain.


  • Travelling arrière, 00:29:42 à 00:29:53

Au courant de ce mouvement de caméra, Ben va pour la première fois louer une chambre pour lui et Mme Robinson au Taft Hotel dans l’intention de coucher avec elle ce soir-là. Il essaie de se donner un air assuré qui dégage que de la fausseté car il donne plutôt l’impression d’être un anxieux ou un maniaco-dépressif. La caméra, à travers un travelling arrière, l’accompagne jusqu’au comptoir. Ce mouvement a clairement été utilisé pour montrer l’émotion et l’évolution de l’émotion dans le visage de Ben qui va accomplir quelque chose arborant une extravagance que jamais il n’aurait osé auparavant, dans un plan rapproché buste.


  • Travelling vertical, 01:15:34 à 01:15:37

Dans ce mouvement de caméra, Ben, avec la caméra, se lève pour regarder Elaine qui sort d’un de ses cours à l’université de Berkeley. Il est là car il désire la marier dès que possible vu l’amour incompréhensible qu’il éprouve pour elle. Ce mouvement est utilisé pour donner un effet d’émerveillement et de surprise tout en gardant le même plan rapproché épaule sur Ben qui regarde au loin.


  • Travelling latéral, 01:36:28 à 01:36:33

Dans cette scène, la caméra donne l’impression d’être attachée à la voiture de Ben, en route vers Berkeley pour qu’il aille épouser Elaine qui étudie à l’université là-bas. Ce superbe travelling latéral expose le paysage fleurissant la route de Berkeley, travelling qui a sûrement été utilisé pour ajouter un côté joyeux et plus déterminé à la quête de Benjamin Braddock.



  • Caméra à l’épaule, 01:43:50 à 01:44:10

Dans la scène finale, lorsque deux personnages importants s’enfuient en autobus, la caméra les suit sur l’épaule du caméraman pour donner un effet pressé, de mouvement et de folie intense, comme si nous y assistions réellement en direct. La caméra est en constant mouvement tout comme les personnages qui courent vers leur bonheur instantané.



  • Zoom avant, 00:39:14 à 00:39:22 

Ben, ne faisant que flâner jour après jour, sort de la piscine alors que la caméra effectue un zoom avant sur lui. La raison pour laquelle un tel mouvement de caméra a été utilisé est probablement parce que l’on voulait garder le personnage et ses actions au centre de l’attention pour ne pas le perdre.



  • Zoom arrière, 01:10:00 à 01:10:04


Voici un zoom arrière qui selon moi fait bien son effet. Ben vient tout juste d’annoncer à Elaine la liaison secrète qu’il entretenait avec sa mère, suite aux menaces de celle-ci, et Mme Robinson, ayant tout entendu, complètement démolie, se réfugie dans un coin (sans que la caméra nous le laisse savoir). Le zoom arrière commence en gros plan sur son visage alors qu’elle marmonne tristement : «Au revoir, Benjamin…» laissant de plus en plus paraître sa triste position qui montre bien la démolition de son intérieur en plus de faire apparaître Ben en amorce. C’est un zoom arrière très émotif qui m’a profondément touché par sa richesse et sa complexité.




  • Effet miroir, 00:28:28 à 00:28:38

Comme le grand Steven Spielberg, Joseph E. Levine utilise aussi l’effet miroir à deux ou trois reprises dans son film, «Le lauréat». Celui-ci, assez intéressant, introduit l’arrivée de Mme Robinson au bar du Taft Hotel où Ben et elle vont «passer à l’acte» pour la première fois. Clairement utilisé pour montrer la surprise de Ben, l’effet miroir accomplit très bien son rôle dans cette scène où Ben triomphe par sa gêne quasi-absolue.




  • Entrées et sorties de champ, 00:41:06 à 00:41:30


Cette scène magnifiquement bien faite maîtrise sublimement l’art des entrées et des sorties de champ. En comportant en tout 8, la diversité utilisée pour faire entrer et sortir les personnages est impressionnante : il y a même une entrée réalisée grâce à un effet miroir. Cette séquence présente Ben couché sur un lit d’hôtel, regardant la télévision, alors que Mme Robinson s’habille en passant à deux reprises devant la T.V. Celle-ci sort de la chambre d’hôtel laissant Ben à son ennui voyant sans même un au revoir. C’est une scène très froide qui à travers les entrées et les sorties de champ cherche à exposer le côté lassant des rencontres de sexe sans émotion liant Mme Robinson à Ben. Une scène très métaphorique dont tout le sens provient du silence (sauf celui de la musique de Simons and Garfunkel) et des effets cinématographiques superbement développés.



  • Effet flou, 01:09:34 à 01:09:39


J’ai noté un effet plutôt intéressant en analysant mon film. Lorsque Ben annonce à Elaine sa relation avec sa mère, le focus se fait pendant un instant sur Mme Robinson qui apparaît en arrière-plan, mais, lorsqu’elle est partie, il y a un gros 5 secondes avant que le focus revienne complètement sur Elaine, utilisé dans le but de montrer tout le trouble que cela lui cause que d’apprendre une si horrible nouvelle. L’effet flou prend tout son pouvoir, toute son émotion dans cette scène bouleversante et déconcertante emplie de consternation.


FINALEMENT, il n'y a pas de travelling circulaire, ni de split-screen et de panoramique circulaire.


EN somme, j'ai particulièrement apprécié ce film pour tous ses effets cinématographiques surprenants et principalement pour le jeu d'acteur qui, selon moi, fut parfait et franchement représentatif de la réalité à tous les niveaux. Par contre, un petit hic m'a accroché lors du  visionnement de ce film que l'on pourrait qualifier de chef d’œuvre : l'histoire. J'ai trouvé que celle-ci nous laissait un peu confus et incertain tout au long du film. Rien n'était certain et tout était dans le domaine des pensées, des idées volatiles vides de détermination et de sens précis. Je crois tout de même que ce côté puis être apprécié par le fait qu'il est probablement plus représentatif de la réalité que les films de contes de fées nous montrant plein de beaux idéaux et de valeurs dans un récit où le bien et le mal est clairement défini. Pour conclure cette magnifique analyse, je vous laisse sur 2 mots: ÉCOUTEZ-LE! (Bon, peut-être quelques mots supplémentaires:) Écoutez-le pour comprendre et pour «aiguisez votre oeil», comme le dit Marco Bédard, professeur de Technique de création vidéo au Cégep de Granby, afin d'observer le monde du cinéma d'un point de vue évolutif film après film, de jour en jour.

MERCI POUR VOTRE LECTURE, vous chers internautes!

Thierry Lefebvre