dimanche 16 septembre 2012

«LE LAURÉAT»

ET voilà! La première grande analyse de film, d'un film: «Le lauréat» de nul autre que le super réalisateur Mr. Joseph E. Levine! Film étant sorti en 1967 (l'année de l'Expo 67 au Québec!).


EN espérant que vous apprécierez lire cet article de mon cru que j'ai tout de même pris la peine de rédiger pour votre satisfaction (bon, peut-être un peu pour la mienne) et en souhaitant que vous savourerez cette exposition Internet du grand art cinématographique... Bonne lecture!

SYNOPSIS (INTÉRESSANT)


Benjamin Braddock, issu d'une riche famille, sort tout juste de ses études collégiales avec un prix majestueux. À son retour,  il est accueilli par toute sa famille et les amis de sa famille alors que lui désire plutôt s'isoler pour réfléchir à son avenir. Au courant de la soirée, Mme Robinson, la femme d'un partenaire de son père, lui demande de la raccompagner chez elle, seul à seul. S'en suit alors une étrange relation entre elle et Ben qui durera jusqu'à ce que Ben rencontre Elaine, la fille de Mme Robinson. Plusieurs quiproquo découleront de cette aventure particulière unissant amour, sexe et liberté; la vie en sa toute étrangeté.

ANALYSE (POUSSÉE) ET PROCÉDÉS CINÉMATOGRAPHIQUES (SUPERBES)



  • Règle des tiers, 00:14:53 à 00:14:58 


Dans cette scène, Benjamin a reconduit Mme Robinson chez elle et celle-ci lui a demandé d’entrer. Maintenant, à moitié nue dans la chambre de sa fille, elle confronte Benjamin en lui demandant s’il aimerait qu’elle le séduise après qu’il l’ait accusée, peu de temps avant, de tenter de lui faire du charme. La règle des tiers est superbement bien utilisée ici. Les regards sont (presque) sur les points de force et leurs épaules suivent astucieusement la ligne des tiers inférieure. La confrontation est nettement bien démontrée et on sent la tension vu le pouvoir donné à l’image. C’est Ben qui baissera les yeux le premier ce qui se devine aisément si on analyse bien les divers éléments qui se présentent à nous.  On peut observer que le pouvoir est donné à Mme Robinson par la lumière et le fait qu’elle parle, contrairement à Ben qui lui est laissé dans l’obscurité et le silence. Les effets de clair-obscur sont, tout comme la règle des tiers, brillamment utilisés dans cette scène.


  • Champ-contre-champ, 00:11:13 à 00:11:45



Sous une musique jazzée, Mme Robinson confie à Benjamin qu’elle est alcoolique après l’avoir ramenée chez elle suite à la fête organisée chez les Braddock pour la réussite de Ben. Une courte discussion marquée par le champ-contre-champ débute alors où personne n’est en amorce pour créer une certaine distance entre les personnages; un certain malaise qui démontre adéquatement l’envie de Ben de s’enfuir dès que possible. Mme Robinson est en confiance alors que Ben, lui, désire s’en aller car il est troublé en raison de son avenir et car il a besoin de solitude. Cela est bien démontré par leur position l’un face à l’autre; Ben assis sur un sofa bas est définitivement en situation d’infériorité alors que Mme Robinson assise sur une chaise haute prend, encore une fois, le pouvoir sur Ben dans l’image. Il y a un mince effet de plongée, contre-plongée qui, ici, n’est pas créé par la caméra mais vraiment par la disposition des personnages.

  • Regard hors-champ, 01:20:37 à 01:20:38


Benjamin est allé rejoindre Elaine, la fille de Mme Robinson, à Berkeley pour l’épouser. Il l’accompagne en autobus jusqu’au zoo où elle doit rencontrer son copain du moment pour un rendez-vous. Lorsqu’ils le croisent, Ben est laissé seul suite à une discussion plutôt animée avec celle qu’il désire marier. C’est là que la séquence commence, lorsque Ben, seul et un peu perturbé, s’appuie sur une grille devant la cage de deux singes. Il lève les yeux et pendant quelques secondes le réalisateur nous laisse deviner ce que notre personnage principal regarde avec fascination. Le regard hors-champ fait son effet et on devine à travers le regard de Ben qu’il commence à comprendre quelque chose, à apprendre, et c’est exactement pour que le spectateur remarque cela que le réalisateur a utilisé le regard hors-champ.

Et ensuite, BAM! On voit les deux singes se berçant tendrement l’un l’autre,  clair symbole de l’amour pur et simple, derrière la grille de l’inaccessibilité, soit ce que Ben observait avec perplexité. On peut alors remarquer que Benjamin réfléchit sur sa relation avec Elaine, sur son importance et la place qu’elle prend dans sa vie en comparaison avec ce qu’il contemple, sans oublier tout ce qui empêche Ben d'épouser celle qu'il aime, représenté par la grille.

De plus, après le regard hors-champ, la caméra retourne sur Ben et change d’orientation rapidement pour effectuer un zoom sur un gorille pensif derrière lui. Le réalisateur nous propose habilement une comparaison subtile entre Benjamin et le gorille, mise en relation basée sur la solitude et le fait de penser, de sonder son intérieur, qu’ils partagent tous les deux.

  • Profondeur de champ, 00:35:40 à 00:36:00


Dans cette scène représentant la première fois que Ben et Mme Robinson se rejoigne au Taft Hotel, la profondeur de champ est bien exposée car on peut facilement l’estimer. On pourrait la définir de moyenne en la comparant à celle de d’autres films. Par exemple, si l’on analyse le film «Citizen Kane» d’Orson Welles, on peut alors voir que la profondeur de champ est distinctement plus grande car même avec le focus sur un personnage en avant plan, les personnages à l’arrière sont clairs et nets alors que dans «Le lauréat», lorsque le focus est mis sur un personnage (Ben dans ce cas-ci), les objets et les autres personnages alentour sont un peu flous (Mme Robinson et les cintres). 

Par contre, si on prend le film «Avatar» de James Cameron, on peut noter que la profondeur de champs est vraiment plus faible car lorsque le focus est mis sur quelque chose, tout le reste étant plus éloigné ou rapproché de l’objectif devient complètement flou. C’est pour cela que je qualifie de moyenne la profondeur de champ du film «Le lauréat».



  • Plan-séquence, 00:18:03 à 00:20:37

Dans cette scène, on retrouve un plan séquence de 2 minutes et 34 secondes dans lequel plusieurs différentes techniques de caméra ont été utilisées. La séquence se déroule comme suit : après que Ben ait descendu les escaliers de la maison des Robinson en courant, entendant M. Robinson arriver suite à ce que Mme Robinson, nue, lui ait proposé de coucher avec lui, Ben s’assoit, un verre à la main, avec M. Robinson qui lui donne en conseil, pour son avenir, de prendre les choses comme elles viennent, de façon plus relax.  Il est à noter qu'il y a dans cette scène beaucoup d’ironie car Mme Robinson venait tout juste d’offrir à Ben de faire l’amour avec elle et car si Ben avait vraiment pris les choses comme elles venaient, il aurait probablement été en train de coucher avec la femme de M. Robinson, soit celui qui lui a conseillé de prendre la vie plus à la légère mais qui ne l’aurait certainement pas fait en connaissance du fait que ça pourrait impliquer de se faire tromper. En plus, Mme Robinson fait apparition dans cette scène et M. Robinson se réfère à elle à quelques reprises lorsqu’il dit à Ben qu’il est séduisant ou qu’il devrait s’offrir un peu de plaisir. Le plan-séquence se termine lorsque Ben, complètement dérouté, finit enfin par sortir de cette drôle de maison. Le plan-séquence a probablement été utilisé ici pour accentuer cette ironie en incluant bien toute la complexité de la conversation ainsi que toutes les faces cachées ignorées principalement par M. Robinson. On retrouve beaucoup la règle des tiers et des travellings avant, vertical et latéral dans cette scène.

  • Plan de grand ensemble, 01:13:50 à 01:14:04


Le plan de grand ensemble est simplement utilisé dans cette séquence pour introduire la ville de Berkeley, là où Ben va rejoindre Elaine à son université pour l’épouser. Sous les sons de la musique de Simons et Garfunkel, Ben traverse le pont dans son Alfa Roméo rouge éclaté.

  • Plan d’ensemble, 01:15:03 à 01:15:15

Ce plan d’ensemble débute la scène ou Ben va rejoindre Elaine à l’université. On introduit clairement l’université qu’Elaine fréquente ainsi que la vie étudiante y étant reliée avec ce plan d’ensemble d’une dizaine de secondes où l’on passe de Ben seul assis à la fontaine (probablement pendant les cours) à tous les étudiants se déplaçant à l’extérieur (probablement pendant la pause du dîner) tout en gardant le même plan.



  • Plan moyen, 01:33:35 à 01:33:41


Dans cette séquence, ultérieurement à la visite mouvementée du père d’Elaine dans l’appartement de Ben à Berkeley, Ben se rend au plus vite à la fac d’Elaine pour l’amener avec lui pour l’épouser et, comme on s’en doute, elle a quitté et la camarade de chambre d’Elaine apporte la lettre qu’elle a laissée à Ben. Telle est simplement la scène, une universitaire qui marche vers la caméra alors que l’on entend la voix d’Elaine lisant la lettre qu’elle a laissée. Le plan moyen est utilisé pour ajouter un certain côté dramatique à la lecture de la lettre surtout que la fille finit par bloquer carrément le champ de vision de la caméra avec ses hanches à force d’avancer, proposant ainsi un côté tragique, inévitable à ce que l’on entend dans la scène.


  • Plan américain, 01:35:50 à 01:36:07

Le plan américain est utilisé alors que Ben retourne à la maison des Robinson en plein milieu de la nuit pour vérifier si Elaine n’y serait pas. Il la cherche partout pour pouvoir l’épouser mais tombe sur Mme Robinson dans la chambre d’Elaine qui, sans hésitation, appelle la Police en mentionnant qu’il y a un voleur chez elle (Ben), même si c’est faux. Mme Robinson annonce à Ben qu’Elaine se marie, il explose et renverse la valise de Mme Robinson et la Police arrive. La scène prend fin en même temps que Ben prend la fuite. Le plan moyen, doublé de la solitude momentanée de Ben sur l’image, est utilisé selon moi pour apporter un certain côté d’impuissance à Ben qui, malgré sa détermination, ne peut plus faire grand-chose. Le réalisateur cherche à faire douter le public des capacités de Ben qui ne sait même plus où se rendre.

  • Plan rapproché taille, 00:25:58 à 00:26:05


Ben entre dans le Taft Hotel après avoir invité Mme Robinson à venir coucher avec lui ce soir. Il est complètement désorienté et perturbé par le pas qu’il vient de faire. Le plan rapproché taille est utilisé simultanément avec un travelling arrière pour cadrer l’entrée maladroite de Benjamin. On cherche sûrement avec un tel plan à mettre en valeur le visage incertain de Ben tout en gardant le haut du corps bien présent pour démontrer comment il essaie d’avoir l’air d’être en confiance même si il a un peu perdu le Nord.

  • Plan rapproché épaule, 00:51:16 à 00:51:20

Définitivement, ce plan rapproché épaule a été utilisé pour cadrer toute l’émotion émise dans cette scène à travers le visage détruit de la merveilleuse Anne Bancroft dans le personnage de Mme Robinson. Elle dit au cours de ce plan que Benjamin n’est pas assez bien pour sa fille en sachant pertinemment qu’elle ne le croit pas vraiment, mais plutôt acheter la paix auprès de Ben qui s’énerve pour un oui pour un non, pour simplement parler de quelque chose au lieu de coucher avec elle uniquement. On voit dans son regard à quel point elle souffre intérieurement car elle sait qu’elle va perdre Benjamin comme elle a déjà perdu beaucoup. S’en suit alors une série d’insultes provenant de Ben en vengeance à cette attaque qu’il a drôlement cherchée accentuant de plus en plus la douleur de Mme Robinson.

  • Gros plan, 00:40:10 à 00:40:20

Ce gros plan est utilisé à travers une série de plans différents montrant le train-train quotidien de la vie de Benjamin Braddock, soit le passage du lit avec Mme Robinson à la piscine, exposant ainsi toute l’ennuie créée par cette triste phase qu’il vit passivement. Le gros plan cherche principalement à cibler le regard ennuyeux, vide de joie et empli de mélancolie, proposé par l’acteur dont le personnage se délaisse complètement en se laissant bercer avec lassitude par son entourage. Le réalisateur désire sans aucun doute montrer la vie platonique de Ben.

  • Très gros plan, 00:45:10 à 00:45:14

Benjamin se rase  alors qu’il discute avec sa mère. Celle-ci, un peu curieuse de ce qu’il fait de ses soirées et de ses nuits, lui demande ouvertement avec le plus d’assurance qu’elle peut s’il fréquente quelqu’un et Ben se coupe exactement au même moment. Ce très gros plan se fait rapidement pour bien montrer la tension qui flotte dans l’air entre les deux personnages. Cette scène est une totale source de friction mère-fils qui est superbement exposée à travers ce très gros plan bien placé. On voit que Ben reçoit mal la question et la blessure dont il est victime est le résultat de cette attaque qu’il n’a pas réussi à éviter.

  • Insert, 01:11:53 à 01:11:55 

Cet insert, un peu comme le très gros plan, vient insérer, ce coup-ci au lieu d’une action, une lettre que Ben écrit à Elaine, un objet. En quelques secondes, au travers d’un zoom avant particulièrement bien fait, la lettre est introduite et amorce la continuité des choses qui est que Ben s’en va à Berkeley pour épouser Elaine.


  • Plan subjectif, 00:22:32 à 00:23:53

Un mot : MERVEILLEUX! Quel plan subjectif! On voit vraiment ici le cinéma à son meilleur à travers ce plan de 1 minute 21 secondes qui exprime délicieusement des émotions de profonde solitude. Ce plan subjectif est utilisé alors que Ben, le lendemain de sa soirée plus que troublante auprès des Robinson, est obligé par son père de sauter dans la piscine en combinaison de plongée pour impressionner toute la famille et les amis. Les attentes de son père sont énormes à un tel point qu’il a misé sur son fils et que même si celui-ci lui demande désespérément de lui parler, il refuse en lui disant qu’il déçoit tout le monde. Bien sûr, Benjamin finit par le faire mais de reculons. C’est là que le plan commence alors que Ben sort de la maison et que tout le monde l’applaudit follement. À ce moment, on n’entend plus rien, que la respiration de Ben à travers son masque et sa bombonne. Tout le monde est en train de se mouvoir alentour de lui, mais Ben marche tranquillement, sans convictions, vers la piscine. En plus de ça, la vue de la caméra du plan subjectif est un peu bloquée dû au masque de plongée que Ben porte ce qui renforce l’effet de renfermement et de solitude déchirante. À quel point il est possible de se sentir seul dans la foule est probablement ce que le réalisateur a voulu démontrer à travers ce superbe plan subjectif.



















  • Vue en amorce, 00:12:13 à 00:12:30 

La vue en amorce est utilisée alors que le personnage de Dustin Hoffman, Benjamin Braddock, est en train de découvrir ou, du moins, d’exprimer une hypothèse sur la raison pour laquelle Mme Robinson, la femme d’un partenaire de son père, lui a demandé de la raccompagner chez elle et d’entrer, suite à la soirée chez ses parents honorant sa réussite scolaire. Il affirme de façon incertaine qu’elle tente de le séduire et en est complètement émoustillé. On veut ici mettre l’emphase sur la réaction de Mme Robinson en mettant Ben en amorce alors qu’il piétine debout et complètement désorienté. On voit bien le sourire grandissant sur les lèvres de Mme Robinson qui se moque délibérément de lui. Je trouve qu’il est très intéressant d’allonger ainsi une vue en amorce, parce qu’elle dure tout de même 17 secondes et parce qu’il y a beaucoup de mouvement provenant de Ben en amorce; on obtient une drôle de scène mêlant incertitude et animation contrôlée.

  • Vue en plongée, 01:16:19 à 01:17:02

La vue en plongée est particulièrement développée dans cette scène qui expose l’arrivée de Ben dans son nouvel appartement à Berkeley qu’il loue pour aller rejoindre Elaine et l’épouser. Elle montre la première conversation pleine de suspicions avec son locateur plutôt sévère. La séquence se déroulant dans un escalier donne déjà un effet de plongée qui est fortement accentué par l’angle en plongée de la caméra qui exprime que la montée est plutôt lente et ardue en plus de donner l’impression que les marches de l’escalier sont innombrables. De plus, car Ben est sur une marche plus basse que le locateur, un jeu de pouvoir est alors démontré où c’est l’homme dur qui prend la force, contrairement à Ben qui, encore une fois, prend un état d’infériorité. S’ajoute à cela un poteau de métal qui les sépare froidement les personnages à quelques moments dans la scène pour établir une distance et exposer le manque définitif de confiance que porte le locateur envers Benjamin.

  • Vue en contre-plongée, 00:20:54 à 00:22:07


Ici, au cours du discours du père de Benjamin introduisant le saut de Ben dans la piscine, la caméra prend un angle de vue en contre-plongée pour donner du pouvoir, de l’énergie et un fort enthousiasme à M. Braddock qui se lance sans hésiter dans cette forte présentation qu’il effectue avec véhémence devant tous ses invités au courant du midi. Ben, lui, préfèrerait aller se cacher le plus loin possible dans la maison mais finit tout de même par sortir alors que l’angle de prise de vue et le plan changent.

  • Overhead shot, 01:25:25 à 01:25:29

Elaine est allée rejoindre Ben à son appartement à Berkeley et lui affirme qu’elle désire le revoir. L’overhead shot prend forme lorsque celle-ci s’en va en courant dans la rue après leur discussion. Ben est en avant plan et regarde Elaine s’en aller. Cet angle de prise de vue a possiblement été utilisé pour reproduire ce que Ben voit sans nécessairement regarder à travers ses yeux comme dans une vue subjective. Cela donne aussi l’effet qu’elle s’échappe et qu’elle lui glisse entre les doigts en le laissant là, impuissant.




  • Panoramique horizontal, 00:58:17 à 00:58:55

Dans cette scène, Ben a invité Elaine à sortir pour la première fois par obligation de ses parents malgré l’interdiction de Mme Robinson vu leur liaison secrète. La séquence commence lorsqu’ils arrivent au bar de danseuses auquel Ben amène Elaine. La caméra les suit en usant d’un panoramique horizontal. Elle se doit d’être rapide car Ben marche vraiment vite et Elaine court désespérément derrière pour le rattraper. Je crois que c’est principalement cela que le réalisateur a voulu montrer en se servant du panoramique qui donne vraiment un effet de rapidité en faisant défiler les personnes stables entre lesquelles Ben se fraie un chemin avec Elaine. Le caractère faussement désinvolte de Ben qui oublie carrément Elaine qui est complètement désemparée, surtout vu le lieu où ils se trouvent, est grandement mis en valeur dans ce mouvement de caméra. Par contre, il faut savoir que notre personnage principal fait semblant de ne pas être intéressé pour ne plus jamais avoir à inviter Elaine à sortir vu l’interdiction ferme et claire que lui a opposée Mme Robinson la mère d’Elaine et l’amante de Ben.

  • Panoramique vertical, 01:34:01 à 01:34:05

En voiture, partant de Berkeley et allant à la maison des Robinson, Ben recherche décidément Elaine partout où elle pourrait être après avoir vu qu’elle avait quitté la fac. La caméra, à l’approche du véhicule, effectue un panoramique vertical vers le bas pour donner un effet de vitesse pour démontrer que Ben roule vite et qu’il est pressé.



  • Travelling avant, 01:44:55 à 01:45:08


À la toute fin du film, deux personnages importants s’enfuient ensemble en autobus. Pour cette scène, un magnifique travelling avant est utilisé pour suivre l’autobus qui s’en va. Par contre, la caméra avance plus lentement que l’autobus ainsi que de plus en plus lentement ce qui donne l’effet que l’autobus s’éloigne de plus en plus et que nous, en tant que spectateurs, les laissons partir tranquillement vers un bonheur incertain.


  • Travelling arrière, 00:29:42 à 00:29:53

Au courant de ce mouvement de caméra, Ben va pour la première fois louer une chambre pour lui et Mme Robinson au Taft Hotel dans l’intention de coucher avec elle ce soir-là. Il essaie de se donner un air assuré qui dégage que de la fausseté car il donne plutôt l’impression d’être un anxieux ou un maniaco-dépressif. La caméra, à travers un travelling arrière, l’accompagne jusqu’au comptoir. Ce mouvement a clairement été utilisé pour montrer l’émotion et l’évolution de l’émotion dans le visage de Ben qui va accomplir quelque chose arborant une extravagance que jamais il n’aurait osé auparavant, dans un plan rapproché buste.


  • Travelling vertical, 01:15:34 à 01:15:37

Dans ce mouvement de caméra, Ben, avec la caméra, se lève pour regarder Elaine qui sort d’un de ses cours à l’université de Berkeley. Il est là car il désire la marier dès que possible vu l’amour incompréhensible qu’il éprouve pour elle. Ce mouvement est utilisé pour donner un effet d’émerveillement et de surprise tout en gardant le même plan rapproché épaule sur Ben qui regarde au loin.


  • Travelling latéral, 01:36:28 à 01:36:33

Dans cette scène, la caméra donne l’impression d’être attachée à la voiture de Ben, en route vers Berkeley pour qu’il aille épouser Elaine qui étudie à l’université là-bas. Ce superbe travelling latéral expose le paysage fleurissant la route de Berkeley, travelling qui a sûrement été utilisé pour ajouter un côté joyeux et plus déterminé à la quête de Benjamin Braddock.



  • Caméra à l’épaule, 01:43:50 à 01:44:10

Dans la scène finale, lorsque deux personnages importants s’enfuient en autobus, la caméra les suit sur l’épaule du caméraman pour donner un effet pressé, de mouvement et de folie intense, comme si nous y assistions réellement en direct. La caméra est en constant mouvement tout comme les personnages qui courent vers leur bonheur instantané.



  • Zoom avant, 00:39:14 à 00:39:22 

Ben, ne faisant que flâner jour après jour, sort de la piscine alors que la caméra effectue un zoom avant sur lui. La raison pour laquelle un tel mouvement de caméra a été utilisé est probablement parce que l’on voulait garder le personnage et ses actions au centre de l’attention pour ne pas le perdre.



  • Zoom arrière, 01:10:00 à 01:10:04


Voici un zoom arrière qui selon moi fait bien son effet. Ben vient tout juste d’annoncer à Elaine la liaison secrète qu’il entretenait avec sa mère, suite aux menaces de celle-ci, et Mme Robinson, ayant tout entendu, complètement démolie, se réfugie dans un coin (sans que la caméra nous le laisse savoir). Le zoom arrière commence en gros plan sur son visage alors qu’elle marmonne tristement : «Au revoir, Benjamin…» laissant de plus en plus paraître sa triste position qui montre bien la démolition de son intérieur en plus de faire apparaître Ben en amorce. C’est un zoom arrière très émotif qui m’a profondément touché par sa richesse et sa complexité.




  • Effet miroir, 00:28:28 à 00:28:38

Comme le grand Steven Spielberg, Joseph E. Levine utilise aussi l’effet miroir à deux ou trois reprises dans son film, «Le lauréat». Celui-ci, assez intéressant, introduit l’arrivée de Mme Robinson au bar du Taft Hotel où Ben et elle vont «passer à l’acte» pour la première fois. Clairement utilisé pour montrer la surprise de Ben, l’effet miroir accomplit très bien son rôle dans cette scène où Ben triomphe par sa gêne quasi-absolue.




  • Entrées et sorties de champ, 00:41:06 à 00:41:30


Cette scène magnifiquement bien faite maîtrise sublimement l’art des entrées et des sorties de champ. En comportant en tout 8, la diversité utilisée pour faire entrer et sortir les personnages est impressionnante : il y a même une entrée réalisée grâce à un effet miroir. Cette séquence présente Ben couché sur un lit d’hôtel, regardant la télévision, alors que Mme Robinson s’habille en passant à deux reprises devant la T.V. Celle-ci sort de la chambre d’hôtel laissant Ben à son ennui voyant sans même un au revoir. C’est une scène très froide qui à travers les entrées et les sorties de champ cherche à exposer le côté lassant des rencontres de sexe sans émotion liant Mme Robinson à Ben. Une scène très métaphorique dont tout le sens provient du silence (sauf celui de la musique de Simons and Garfunkel) et des effets cinématographiques superbement développés.



  • Effet flou, 01:09:34 à 01:09:39


J’ai noté un effet plutôt intéressant en analysant mon film. Lorsque Ben annonce à Elaine sa relation avec sa mère, le focus se fait pendant un instant sur Mme Robinson qui apparaît en arrière-plan, mais, lorsqu’elle est partie, il y a un gros 5 secondes avant que le focus revienne complètement sur Elaine, utilisé dans le but de montrer tout le trouble que cela lui cause que d’apprendre une si horrible nouvelle. L’effet flou prend tout son pouvoir, toute son émotion dans cette scène bouleversante et déconcertante emplie de consternation.


FINALEMENT, il n'y a pas de travelling circulaire, ni de split-screen et de panoramique circulaire.


EN somme, j'ai particulièrement apprécié ce film pour tous ses effets cinématographiques surprenants et principalement pour le jeu d'acteur qui, selon moi, fut parfait et franchement représentatif de la réalité à tous les niveaux. Par contre, un petit hic m'a accroché lors du  visionnement de ce film que l'on pourrait qualifier de chef d’œuvre : l'histoire. J'ai trouvé que celle-ci nous laissait un peu confus et incertain tout au long du film. Rien n'était certain et tout était dans le domaine des pensées, des idées volatiles vides de détermination et de sens précis. Je crois tout de même que ce côté puis être apprécié par le fait qu'il est probablement plus représentatif de la réalité que les films de contes de fées nous montrant plein de beaux idéaux et de valeurs dans un récit où le bien et le mal est clairement défini. Pour conclure cette magnifique analyse, je vous laisse sur 2 mots: ÉCOUTEZ-LE! (Bon, peut-être quelques mots supplémentaires:) Écoutez-le pour comprendre et pour «aiguisez votre oeil», comme le dit Marco Bédard, professeur de Technique de création vidéo au Cégep de Granby, afin d'observer le monde du cinéma d'un point de vue évolutif film après film, de jour en jour.

MERCI POUR VOTRE LECTURE, vous chers internautes!

Thierry Lefebvre








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