dimanche 23 septembre 2012

« 99 FRANCS »


ET oui, voilà ! Déjà l’heure d’un deuxième texte critico-analytique portant sur une autre œuvre cinématographique. Cette fois, pas sur n’importe quelle … Cette fois, sur un film français mettant en scène le célèbre Jean Dujardin, acteur dans de nombreux films que j’ai véritablement apprécié tels « Brice de Nice » ou encore « OSS 117 », films brillant par leur stupidité et leur ridicule ! Désormais, il parait dans un film aux allures moyennement sérieuses possédant pourtant une morale de fond très sérieuse. Le nom du film, 99 FRANCS, réalisé par Jan Kounen, réalisateur originaire des Pays-Bas, et sorti en 2007. Je vous souhaite donc une bonne lecture, aussi bonne que la première du moins, je l’espère.


SYNOPSIS
Octave est un publiciste français pour la compagnie Ross & Witchcraft. Comme il le dit si bien :  « Je décide aujourd’hui ce que vous voudrez demain. » Il est drogué, superficiel, riche et s’habille avec la toute dernière tendance, à tous les jours, sans exception. À travers les réunions interminables, il commence à en avoir marre  de sa vie et à besoin de changements, de vrais changements. Il rencontre Sophie, femme de sa vie, mais se sépare d’elle aussi vite qu’il l’aura rencontré. Elle est enceinte de lui. Il est incapable. Il doit agir. Il doit préparer un grand coup pour sortir définitivement de son horreur quotidienne et pour retrouver Sophie…

Split Screen, 00:52:37 à 00:52:48
Octave, complètement défoncé, s’imagine en train de faire une publicité pour sa compagnie dans laquelle il mentionne (dans des propos haineux mais plutôt drôles) qu’il s’essuie avec  R&W pour avoir l’anus frais tout comme son haleine. Ce split screen a été utilisé pour créer un effet comique tout en démontrant la fraicheur partant de son anus jusqu’à sa bouche à l’aide de magnifiques petites étoiles.

Règle des tiers (points de force), 00:10:30 à 00:10:51
Octave se fait confier par son patron la responsabilité d’une rencontre pour la vente d’une pub auprès d’un client. Peu content, un effet de confrontation est alors créé par l’utilisation de la règle des tiers où Marc (à gauche) et Octave (à droite) se tiennent sur les deux  lignes opposées.


Entrées sorties de champ, 00:29:08 à 00:29:30
Cette scène est une représentation métaphorique de la vie d’Octave lors de laquelle il se trouve dans un super marché où il se tient assis sur un panier d’épicerie comme un produit de consommation alors que des doubles de lui-même font des entrées et des sorties de champs, s’enfuyant de lui-même. Des tonnes de personnes se mettent à faire la même chose en vitesse accélérée alors qu’Octave vire au transparent. Ces centaines d’entrées et de sorties de champs sont utilisées pour créer un effet d’accéléré, tout comme la vie d’Octave qui file tout comme le temps qui en fait tout autant. On veut aussi aller chercher l’aspect qu’il fuit ses problèmes et ses démons à travers ses doubles qui se sauvent de lui.

Champ-contre-champ, 01:09:11 à 01:09:29
Sur un fond d‘hypocrisie assez frappant, Octave discute avec Alfred Bullaire, directeur de Madonne, la compagnie de produit laitier pour laquelle il prépare une pub de yaourt. Celle-ci vient tout juste d’être filmée et Alfred remercie Octave alors qu’il vient tout juste de le traiter de  « gros con » dans son dos et Octave accepte les remerciements tout en préparant dans sa tête son plan pour la nouvelle pub qu’il fera pour remplacer l’autre lors de sa 1ère diffusion en onde. Le champ-contre-champ est utilisé pour créer un effet de proximité entre les deux personnages surtout vu l’utilisation du gros plan tout en montrant une certaine confrontation silencieuse qui prend tout son sens à travers leur regard hypocrite.


Regard-hors-champ, 00:15:13 à 00:15:20
 Une séance photo se déroule devant Charlie, Octave et Jeff qui préparent leur réunion pour Madone. Charlie observe le photographe et lui fait signe que son angle est super alors que l’on ne voit point celui-ci et que Charlie regarde hors du champ de la caméra. Ce regard-hors-champ est simplement utilisé pour que la scène soit moins ennuyeuse et que tous soient en action tout en ajoutant un petit côté comique avec Charlie qui fume un joint.

Profondeur de champ, 00:39:32 à 00:40:30
Dans cette scène, Madone a donné le last call à l’équipe d’Octave. Jeff, celui qui s’occupe de l’organisation et des finances, est complètement dérouté : il supplie Octave qui donne de la coke à son hamster  de développer un concept de pub dès maintenant. J’ai choisi cette scène pour démontrer la profondeur de champ qui est moyenne, selon moi,  car on peut remarquer que le focus est sur Jeff et qu’Octave est un peu flou en avant plan avec la cage de Qualinet, son hamster. Le fond est un tout petit peu flou vu la proximité qu’il partage avec Jeff. Donc, je crois que la profondeur de champ est moyenne car tout n’est pas complètement  flou en exception de ce sur quoi est le focus (faible profondeur de champ) et car tout n’est pas super clair non plus (profondeur de champ élevé). C’est un entre deux où la profondeur de champ est peut-être un peu plus basse que celle du film « Le Lauréat », mais tout de même moyenne.

Plan-séquence, 01:33:07 à 01:34:34
Ce magnifique plan-séquence est utilisé pour la scène lors de laquelle Sophie et Octave se retrouve avec leur petite fille sur une île perdue. On y retrouve un panoramique vertical, un travelling circulaire, un travelling avant, un plan américain, un plan moyen et j’en saute ! C’est une scène pleine d’émotions qui sont encore plus accentuées par ce plan-séquence émouvant.

Plan de grand ensemble, 01:29:52 à 01:30:00
Octave, désormais sur une île perdue après avoir fui la société, a mangé la racine d’une plante inconnue. Il fait une intoxication alimentaire et se met à déféquer partout. On le voit courir dans ce plan de grand ensemble jusqu’à la mer pour aller se « soulager ». Ce plan est un peu utilisé selon moi pour rire d’Octave qui passe d’un endroit à l’autre pour faire caca. Il est aussi utilisé pour montrer à quel point il est seul et désespéré sur cette île vide de population.

Plan d’ensemble, 00:29:37 à 00:29:39
À plusieurs reprises au cours du film, on voit Octave se suicider en se jetant en bas d’un édifice. Dans cette scène métaphorique, Octave se met à léviter en prenant une forme de croix pour remonter à la vie ; comme si une seconde chance s’offrait à lui. Ce plan d’ensemble en overhead shot donne un certain aspect féérique avec toutes les lumières et l’achalandage alentour d’Octave qui flotte dans l’air.

Plan moyen, 00:06:49 à 00:07:27
Au début du film, le personnage d’Octave est largement présenté. Ici, on le voit s’habiller avec les dernières  marques à la mode, debout, en regardant derrière la caméra comme s’il était devant un miroir. Ce plan est alors utilisé pour montrer la totalité du corps d’Octave s’habillant et essayant les milliers de vêtements peuplant sa garde-robe.

Plan américain, 00:08:57 à 00:09:00
Octave arrive pour la 1ère fois du film à la compagnie où il travaille (R&W)  en bolide automatisé et salut sarcastiquement ses confrères et consœurs de travail. Le plan américain est probablement utilisé pour lui donner de l’assurance tout en ajoutant un côté un peu ridicule à la façon qu’il se déplace sur son petit bolide.

Plan rapproché taille, 00:18:13 à 00:18:32
Octave et Charlie arrivent en retard à la compagnie Madone là où ils ont leur réunion pour une publicité de yogourt. La caméra les suit en contre-plongée avec un plan rapproché taille pour leur donner un air assuré car le fait d’arriver en retard était déjà prévu dans leur plan malgré l’importance de la rencontre avec les membres de la compagnie dont le directeur.

Plan rapproché épaule, 00:36:57 à 00:37:00
Sans aucun doute, ce plan a été utilisé pour cadrer le regard de Sophie, la copine et bientôt l’ex-copine d’Octave. Elle vient tout juste d’annoncer à celui-ci qu’elle est enceinte et Octave ne répond pas, il est troublé et flanche sous la responsabilité que cela implique.

Gros plan, 00:02:24 à 00:02:31
Au début, tout commence avec Octave qui saute du haut d’un édifice pour aller rejoindre la mort. Ce gros plan est employé alors que notre personnage principal observe la rue là où il va bientôt sauter. On veut ici aller chercher la peur dans son regard ainsi que tout le trouble et le dépassement qu’il vit face à son existence tout entière.

Très gros plan, 00:17:44 à 00:17:46
Ceci est le regard d’une femme dans une pub d’Octave qui, lui,  présente en voix off  des statistiques en lien avec la publicité en général. On vient avec ce plan cadrer les yeux en mettant l’œil droit sur un point de force des lignes des tiers pour donne de la puissance à l’image qui nous transmet une joie sans limite.

Insert, 00:43:04 à 00:43:07
Qualinet, le hamster d’Octave, est désormais mort, suite à ce que son maître l’ait coké. Cet insert est très intéressant car Qualinet représentait en quelque sorte le bon côté qui subsistait en Octave et sa mort nous démontre beaucoup plus que le simple décès de celui-ci. Le fait qu’il soit en très gros plan nous montre vraiment le côté dramatique de la chose.

Plan subjectif, 01:31:13 à 01:31:19
Toujours sur son île, soit son échappatoire à la société, Octave, après une intoxication alimentaire, se fait recueillir par un peuple indigène qui, à travers ce plan subjectif, lui offre un remède quelconque. On veut ainsi nous présenter le peuple tout en nous offrant une perspective de ce qu’Octave voit et ressent alors qu’il vient tout juste de s’éveiller dans un lieu qu’il ne connait pas. Un certain inconfort qui se transforme peu à peu en un certain confort nous est alors proposé à travers ce plan.

Vue en amorce, 00:34:20 à 00:34:25
Tout au long de ce champ-contre-champ mettant en scène  l’annonce de Sophie au restaurant du fait qu’elle est enceinte, les deux personnages sont souvent mis en amorce. Il en a été décidé ainsi probablement pour montrer l’attente des personnages l’un envers l’autre comme si  on regardait le personnage en focus des yeux du personnage en amorce et que l’on cherchait l’émotion dans les yeux de l’autre tout comme ce qui est fait dans la scène.

Vue en plongée, 00:55:36 à 00:55:40
Octave se retrouve dans un hôpital suite à une crise dû à une drogue et/ou à l’alcool qu’il a pris dans un de ses partys dont le but est d’oublier sa vie merdique. Il est assis sur un banc avec un interné en attendant Charlie et Jeff. « Pyjama », comme il l’appelle regarde les feuilles en riant et il se met à faire de même en se posant des questions sur la vie. Un genre de champ-contre-champ est utilisé entre chaque personnage et les feuilles, soit le point de vue utilisé pour cette vue en plongée. On met ainsi en valeur les questions qu’Octave se pose en voix off en lui donnant une sorte d’infériorité face à la grandeur du monde pour lui rappeler que lui aussi est humain et qu’un monde existe partout alentour de lui.

Vue en contre-plongée, 00:19:00 à 00:19:17
Octave entre dans la salle de réunion de Madone pour la publicité de yaourt. On lui donne du pouvoir et de l’importance avec cette  vue en contre-plongée, comme si rien de ce qui se trouve dans cette salle ne peut l’arrêter.

Overhead shot, 01:19:10 à 01:19:13
Octave se prépare à sauter pour une première et une dernière fois. On met l’emphase sur sa faiblesse tout en montrant ce qui se trouve sous ses pieds avec cet overhead shot.




Panoramique horizontal, 00:08:30 à 00:08:34
Octave arrive à la compagnie de publicité pour laquelle il travaille en petit bolide automatique et la caméra le suit. Ce panoramique donne un côté ridicule à la scène car Octave fait de grands détours pour rien.


Panoramique vertical, 00:32:37 à 00:32:48
Sophie a laissé Octave et celui-ci se retrouve seul chez lui. Il se met à regarder de la pornographie tout en mangeant et en buvant sur son sofa sans se ramasser d’où la véritable porcherie qu’est la table de son salon. Ce panoramique vertical passe tranquillement de la table de salon d’Octave jusqu’à celui-ci, étendu sur son divan. Octave prend alors un air pitoyable et délaissé avec cet effet cinématographique bien placé.

Panoramique circulaire, 00:51:47 à 00:51:53
Dans le délire d’Octave causé par la drogue et l’alcool, Jeff fait une publicité pour R&W dans laquelle Octave frappe violemment celui-ci. Ce panoramique suit tranquillement Jeff qui tourne un peu en rond autour de la caméra placé sur un axe fixe. Les effets de lumière et ce qui nous est montré grâce au panoramique donne un effet joyeux et léger à la scène.

Travelling avant, 00:23:54 à 00:24:02
Alfred Bullaire confronte directement Octave en lui disant que la publicité qu’il propose est mauvaise car elle ne prend pas en compte le public cible. S’en suit alors une confrontation de regards ainsi qu’une suite de travellings avant passant de l’un à l’autre, assis complètement à l’opposé autour de la table.  Ces travellings créent un effet de proximité tout en accentuant fortement la confrontation silencieuse qui prend l’ampleur d’une véritable guerre d’yeux.

Travelling arrière, 00:01:28 à 00:01:55
Au début du film, un travelling arrière partant de cette affiche est utilisé pour introduire le film. Un contraste nous est alors présenté entre la beauté de l’affiche en comparaison avec les conditions météorologiques extérieures. À la fin de ce travelling, nous tombons sur Octave se préparant à se suicider du haut d’un édifice.

Travelling vertical, 00:24:03 à 00:24:06
Lors de la confrontation de regards entre Alfred Bullaire et Octave, un travelling vertical est effectué sur le visage d’Alfred pour montrer tout le plaisir qu’il prend à emmerder Octave à travers les moindres traits de son visage alors qu’Octave pète carrément un plomb à l’autre bout de la table de réunion. Travelling très bien placé qui fait bien son effet !

Travelling latéral, 00:45:13 à 00:45:18
Octave paie une prostituée pour remplacer le manque de Sophie qu’il éprouve et la scène se déroule alors qu’il lui demande de se caresser en portant ses lunettes et le parfum de Sophie. Un travelling latéral s’effectue au même moment au pied du lit : la caméra longe celui-ci pour nous donner l’impression que nous les surprenons en train de passer à l’acte.

Travelling circulaire, 00:37:21 à 00:37:31
Octave, seul, et en manque de l’amour de Sophie est assis sur son bureau en train de penser à elle. La caméra le contourne en effectuant un travelling circulaire nous montrant ainsi à quel point Octave est perdu, triste et comment il se sent délaissé.



Caméra à l’épaule, 00:46:30 à 00:47:14
Octave, complètement dérouté, arrive à son condo et trouve une cassette de Sophie lui disant : « C’est la première et la dernière fois que tu vois ta fille. »Grâce à l’instabilité et le mouvement qu’elle crée, cette caméra à l’épaule démontre qu’Octave est confus, désespéré et qu’il ne sait plus sur quel pied danser pour revenir à son bonheur.  On découvre son désespoir intérieur profond à l’aide de cet effet cinématographique frappant.

Portrait, 00:28:22 à 00:28:25
Souvent, dans les films, on cadre le visage pour en faire un portrait. Il est alors conseillé d’enligner les yeux avec les points de forces de l’image pour créer un effet plus fort. Ici, Marc, le patron d’Octave le convainc de rester dans la compagnie alors qu’il désire ardemment partir. L’œil de Marc sous l’ombre est placé directement sur un point de force pour montrer un côté sombre de lui, manipulateur et vicieux, qui sait comment jouer avec Octave pour qu’il reste. En somme, un portrait très bien réussi !

Sujet en mouvement, 00:22:12 à 00:22:17
Lorsque des personnes sont en mouvement sur l’image, il est intéressant de laisser l’espace devant celles-ci pour soutenir le déplacement.  Comme on peut le voir avec ces deux femmes, ce conseil est appliqué et le mouvement en découle très bien. C’est la scène où les deux femmes de l’annonce pour la compagnie de produit laitier sont présentées au directeur et à ses associés.

Effet de reflet, 00:05:15 à 00:05:43
Avec ce miroir, le réalisateur vient chercher un effet comique pour exprimer la gueule de bois que vit Octave à son réveil au tout début du film. On peut remarquer que la personne reflétée dans le miroir n’est pas vraiment Octave ce qui démontre un peu la confusion et le malaise qu’il vit suite à sa fête du soir d’avant.

Effet de portail, 00:47:31 à 00:47:36
Effet de portail vraiment puissant ! « C’est la première et la dernière fois que tu vois ta fille. » Tel était le message joint à la cassette qui présente les images que nous voyons à la télévision qui est filmée dans le salon d’Octave. De plus, la caméra en angle nous montre particulièrement bien l’inconfort profond que vit Octave en voyant ces images, soit celles de son enfant, de sa fille ; celle qu’il partage avec Sophie.

Dans ce film, on ne retrouve aucun effet d’interdépendance et aucun zoom !

Critique :
Donc, pour ce film, je donne une cote de 8/10. À vrai dire, je n’ai pas particulièrement aimé parce que je l’ai trouvé superficiel, ridicule et absurde par moment. On nous présente à travers ce long métrage le monde de la publicité accompagné de tous ses maux. C’est sale, mauvais et plein de méchanceté. Par contre, c’est pour nous conscientiser sur ce milieu qui passe sous nos yeux à chaque seconde que tout cela nous est montré et c’est pour cette raison que je donne tout de même 8/10. De plus, Jean Dujardin est un de mes acteurs coup de cœur depuis toujours entre autre pour son humour et pour son sourire qui me fait particulièrement rire. Il nous montre au cours ce film un côté plus sombre de son jeu d’acteur et j’ai été sincèrement impressionné par ses capacités étonnantes. J’ai bien aimé la construction du film avec toutes ses images métaphoriques aux sens doubles voire triples ainsi que les retours dans le temps fréquents. La ligne du temps de ce film était superbement déconstruite et lui donnait une allure différente et intéressante. À voir si vous aimer les films français et si vous êtes ouverts à la nouveauté !

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